L’artisanat de tranchée des soldats de la grande guerre 1914/1918
Août 1914, les soldats Français partent pour une guerre rapide » fraîche et belle « . Ils vont combattre » Les Pruscos « .
Pour les Allemands c’est la même ferveur patriotique, pour eux l’objectif c’est » Zum frustuck nach PARIS « . (Au petit déjeuner à PARIS). Ils ont même fabriqué une médaille commémorative de la prise de la capitale. Elle ne sera bien sur jamais distribuée et de rares exemplaires en sont connus dans les musées et certaines collections comme celle de Monsieur DUMEIGE.
Les premiers mois de la guerre vont être les plus meurtriers du conflit. L’Armée Française perd 250 000
hommes en quelques jours. Les belligérants trouvent rapidement la solution, il faut s’enterrer. Finies les
grandes charges de cavalerie et d’Infanterie qui ont vu tant de jeunes soldats mourir. Une fois enterré le soldat s’accommode tant bien que mal de sa nouvelle vie. Il bricole, mais principalement pour améliorer sa vie et surtout l’armement. Il fabrique des grenades, des couteaux de combat et des ustensiles nécessaires comme les lampes. Il faut admettre qu’une fois qu’ils sont dans les tranchées, les soldats subiront peu de pertes. La phase la plus dangereuse étant la montée et la descente des lignes et surtout l’attaque.
Le soldat pour s’occuper va commencer par porter sur lui des petits objets qu’il façonne dés qu’il a un moment de libre. Il s’agit entre autre de bagues et autres objets pieux qu’il fabrique à partir de morceaux d’aluminium provenant des têtes d’obus.
Ces hommes sont pour la plus part issus du milieu agricole et ont dès leur plus jeune âge appris à fabriquer et à réparer les objets usuels. Avec leurs couteaux et le matériel de leurs trousses de couture ils vont commencer ce premier artisanat
La vie du Poilu se voit divisée en trois parties : les tranchées, le repos à l’arrière immédiat des lignes par roulement d’environ trois jours et les phases de grand repos à l’arrière.
Lors de ces grands repos, le soldat va loger dans des villages désertés et dans des usines inoccupées. Il y côtoie le train de l’artillerie et ses ateliers de réparation.
Sur place il va trouver de l’outillage lui permettant d’agrandir et d’améliorer son champ de travail. On va voir apparaître les premiers objets plus sophistiqués tels que les briquets et surtout l’éternelle douille d’obus gravée qui le plus souvent et de provenance Allemande ou Britannique car dans ce cas il n’y a pas de détournement de matériel militaire Français. D’autres graveront quelques rares monnaies satiriques.
Le commandement va même favoriser cet artisanat en créant des concours. Il faut occuper l’esprit du soldat.
Certains de ces soldats plus adroits que d’autres vont même se lancer dans le commerce et améliorer ainsi leur ordinaire. Bon nombre de soldats enverront à leur famille ou leur porteront lors d’une rare permission un objet qui bien souvent aura été acheté.
Le service de santé occupera une grande partie des blessés par ce biais qui sera même assimilé à de la rééducation. L’Artisanat de tranchée connaîtra une telle popularité que certains bijoutiers assureront en intermédiaire la vente de ces objets. Une fois la guerre finie certains ouvriers requis, comme les soldats Indochinois venus pour combattre puis relégués à d’autres travaux, vont continuer la fabrication de ces objets et pourront ainsi améliorer leur vie en s’assurant un petit revenu.
Les » Poilus » qui survivront à cette » boucherie » vont pour un grand nombre d’entre eux être mobilisés en 1939. Certains seront même prisonniers de guerre durant 4 ans. Ils en profiteront pour réactualiser cet artisanat mais, il sera moins connu et moins important.
Les autres belligérants s’adonneront aussi à l’artisanat de tranchée mais, à une échelle moins importante que celle de l’Armée Française.
Beaucoup d’objets de poilus se trouvent encore en petite brocante, en vide grenier, et à petit prix. Presque toutes les familles Françaises ont compté au moins un poilu. Collectionneurs…à vos recherches…