La guerre de 1914-18 vient de prendre fin, la France est victorieuse, mais ruinée.
L’effort de guerre et de reconstruction a terriblement affaibli l’économie, et le Franc d’après guerre se porte de plus en plus mal, les dix années qui suivront l’armistice verront sa santé se détériorer.
Depuis 1921, l’or et l’argent ne circulent plus, aucune monnaie n’est frappée dans ces métaux. Ce sont d’abord les billets, puis les pièces des chambres de commerce « BON POUR », qui ont cours. En moins de 5 ans, les salaires vont augmenter de 30%, alors que l’indice des achats ménagers progresse de plus de 60%, la vie devient de plus en plus difficile pour tous. C’est alors que Raymond POINCARE qui a la confiance du milieu des affaires entreprend une politique de redressement financier.
Destin exceptionnel pour cet homme politique au parcours exemplaire. Il est nommé ministre dés l’âge de 33 ans, puis après avoir été Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, il est élu Président de la République en 1913. Il travaillera énergiquement au réarmement de notre armée, et renforcera notre alliance avec l’Angleterre et la Russie. Il sera tout au long de la guerre un des principaux Hommes d’Etat d’ Europe. Reconduit par la suite au poste de Président du Conseil, il démissionnera après la victoire du Cartel des gauches. Enfin rappelé pour constituer un gouvernement d’Union Nationale, il prendra le portefeuille des Finances. Il aura alors recours aux conseils avisés de son cousin Henri Poincaré, un des plus grands mathématiciens et philosophe de son époque.
Il faut se rappeler qu’entre 1924 et 1926, onze gouvernements sont appelés à se succéder, la durée d’action d’un ministre des finances ne dépassait pas 35 jours!
Devenu pour la deuxième fois Président du Conseil, Poincaré décide de dévaluer le Franc. Cette dévaluation a permis à la France de multiplier par trois le volume de son stock d’or, et c’est alors qu’apparaîtront sur le marché les pièces de TURIN en argent de 10 et 20 Francs, et la 100 Francs or de BAZOR, qui elle, ne sera pas mise en circulation, c’est ce qui explique sa rareté. Toujours est-il que Raymond POINCARE peut être considéré comme le sauveur de notre Franc.
Alors qu’il était Président de la République, Raymond Poincaré a sillonné la France, et il a rendu une visite protocolaire à Bergerac. Nous sommes en 1913, et ce genre d’événement est alors largement couvert par les photographes et éditeurs de cartes Postales. Nos reporters s’en sont donné à cœur joie, et les amateurs pourront réunir une vingtaine de CPA sur le sujet.
Les clichés sont signés: Astruc, Garde, et Duverneuil. Le parcours du président et suivi dans toute la ville, et les correspondances sont souvent amusantes et riches en renseignements, on apprend ainsi qu’il faisait beau ce jour là et que la femme du président n’était pas grande, témoin cette carte datée du 15 septembre 1913:
» Chère bonne-maman, Il est 3 heures, nous avons très beau temps, une petite averse vers 13h., mangé sur l’herbe dans un petit coin bien sec. Vu deux fois le président. Après avoir déjeuné au cercle militaire, il a voulu aller à pied à la gare pour faire digestion. Madame Poincaré, très jeune, fort gentille, un peu petite, tous deux en costumes de voyages très très simples, Nous partons vers 5 heures…que de monde… »