Collection des cents

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Le thème des illustrateurs est un de ceux qui sont le plus souvent rencontrés dans le monde des collectionneurs de cartes postales illustrées Il réunit les 100 meilleurs coups de crayon des années 1900.
   Les illustrateurs, ce sont ces dessinateurs qui, par un simple trait de crayon et beaucoup de talent, relatent l’histoire et les événements qu’ils observent, et cela de façon souvent très caricaturale et humoristique. Cette charnière entre le 19 et le 20è siècle aura été pour eux une période particulièrement faste. Ce sont les illustrateurs de la presse nationale et régionale, qui animent par leurs oeuvres les articles politiques ou d’information générale. Pour des raisons techniques, la photographie n’envahit pas encore les pages des quotidiens et hebdomadaires.
   Il est impossible pour un collectionneur de traiter ce thème des dessinateurs et illustrateurs dans son entier, parce qu’il est beaucoup trop volumineux. Il faut affuter son choix, et faire un tri dans le très large éventail qui le compose.

   La collection qui est unanimement considérée comme la plus belle et la plus prestigieuse, c’est la collection des Cent. Nous la devons à E. Greningaire, coloriste parisien de la fin du 19è siècle. Célèbre aquaréliste, il s’était fait un nom dans la colorisation des dessins de presse et des catalogues de mode. Animateur du « Cartophile-club », il avait créé un atelier d’édition, et s’était spécialisé dans les publications luxueuses, et il était devenu l’ami de tous ces dessinateurs qu’il fréquentait journellement. Sous leur impulsion, et pour leur rendre hommage, il décide en 1900 d’organiser un concours ouvert au plus grand nombre. « Un jury compétent devra désigner les cent plus belles cartes, qui seront alors rassemblées sous l’appellation: « Collection des Cent ».
   Cent cartes produites par cent dessinateurs différents, arriverait-on à les réunir aujourd’hui ?
   Parmi les artistes dont un dessin a été retenu pour figurer dans la collection des cent, nous avons déjà parlé d’Albert GUILLAUME, ce grand parmi les grands venu finir sa vie à Faux. Et les Bergeracois connaissent bien SEM, né à Périgueux et dont les oeuvres sont exposées dans une salle du Château de Monbazillac.
   Les plus grands noms cités au palmarès sont ceux de Caran-d’Ache, Mucha, Meunier, Robida, Lebègue, Wély Capiello, Naudin, Léandre, etc…
   La première mise sur le marché date du 1 novembre 1901. La publication était prévue en pochettes décorées, qui annonçaient le contenu de la parution suivante. Chaque pochette contenant 10 cartes postales différentes, aquarellées par les bons soins de E. Grenegaire. La dernière parution aura lieu en 1903.
   La publication de cette collection recevra de la part du public un accueil relativement mitigé. Si bien qu’il semble presque certain que la dixième pochette n’ait pas été diffusée comme les neuf précédentes, et que les dernières oeuvres choisies n’aient pas figuré au palmarès original.
   Quelques originalités amusantes: Toutes ies cartes devaient porter un numéro et la mention Collection des Cent …ce n’est pas le cas: La carte portant le numéro 1 n’existe pas. Elle porte le n° 7 (erreur d’impression peu probable pour la 1ère carte d’une série prestigieuse)… peut être une délicatesse de l’éditeur qui n’aura pas voulu marquer une préférence pour tel ou tel artiste ami ?
   Mais…cette carte n°1 (7?) est signée MERSON…vous connaissez?..grand prix de Rome, il est celèbre pour avoir gravé un timbre poste au type qui porte toujours son nom. La carte n°19 de Wély, comporte deux versions: Le pêcheur et la baigneuse nue, et le pêcheur et la baigneuse au maillot rouge et blanc (pudibonderie de l’époque ?) c’est en contradiction avec la carte n°18 et son couple libertin!
   On ne connait que 98 cartes dans la collection des cent…reste t’il deux cartes à découvrir ? c’est possible quand on constate avec surprise que trois très grands ne figurent pas au palmarès annoncé: Benjamin Rabier, B Roguet et Abel Faivre. 92 illustrateurs seulement puisque là aussi il est étrange de constater qu’on en annonçait 100, et que 5 d’entre eux ont figuré deux fois au palmarès.
   Ces cartes circulent très peu et restent dans les albums des collectionneurs spécialisés. La très belle et rarissime carte de MUCHA a obtenu une enchère de 1500€ à l’Hôtel DROUOT il y a quelques années.
   Pour les plus courantes, la fourchette des prix se situe entre 30 et 150 €
   Les plus rares ? .. Sans doute la MUCHA n° 11 et la VOGEL (sans numéro) connues toutes deux à 2 ou 3 exemplaires.
   Curiosité: Les coquines: Dans cette fameuse collection, les moeurs de l’époque ne laissaient pas grande liberté d’expression aux dessinateurs libertins, aussi le rédacteur annonce: « Les dix sujets de nu, dont un seul devait prendre place dans chaque série, paraîtront indépendamment Cette collection des dix, sera exclusivement réservée aux souscripteurs »
  
Ces 10 cartes seront redessinées pour la version collection grand public C’est aussi l’explication des deux versions de la carte de Wély dont nous avons parlé.
   Des imperfections ou anomalies ont été remarquées, parmi cette centaine de cartes, quelques- unes ont été repiquées en cartes de voeux ? Les impressions écrites sont en général grises…mais parfois noires? ,…une carte de R.LEWIS, serait une intruse, et ne ferait pas partie du lot original, malgré sa légende? …une carte de GIRARDOT aurait échappé au repiquage de la légende? …quelques autres au repiquage du numéro?
Mais toutes ces petites imperfections font la joie du collectionneur, et justifient la petite recherche qui nous passionne Il n’en reste pas moins vrai que la collection des cent est à coup sûr la plus belle et la plus importante des séries de cartes dessinées, et qu’ elle reste sans doute le chef d’oeuvre de la carte illustrée.
   A peine quelques années plus tard l’importante collection BYRRH lui succèdera, mais ses 113 cartes différentes n’auront pas le même charme, parce que le dessin disparaitra en partie derrière l’annonce publicitaire.