Waterloo

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Le 28 avril 1814, Napoléon, qui vient d’abdiquer, embarque à Fréjus pour rejoindre l’île d’Elbe dont les alliés lui ont accordé la souveraineté. Le comte de Provence a été proclamé roi de France par le sénat sous le nom de Louis XVIII. Il entrera à Paris le 3 mai 1814. Cette restauration de la monarchie n’est pas le résultat d’un courant favorable de l’opinion publique. Elle est l’œuvre de TALLEYRAND qui a su persuader les alliés que la solution royaliste était la moins périlleuse.

Louis XVIII est un sexagénaire obèse. Il n’est pas séduisant. Cependant il est suffisamment intelligent pour gouverner avec prudence. En juin, il promulgue une « charte » assez libérale qui établit un régime parlementaire semblable au système anglais. Ce régime maintient intangibles les institutions fondées par Napoléon. Une paix a été conclue qui a rendu à la France ses limites de 1792. Cependant, de mois en mois, le malaise s’installe. Personne n’est satisfait dans toutes les couches de la population y compris les royalistes. Le retour de centaines de milliers de soldats, anciens prisonniers ou rapatriés des garnisons perdues aggrave l’agitation. Les français oublient leurs griefs et les horreurs des guerres napoléoniennes pour ne voir en l’Empereur déchu  » fils de la Révolution  » que le héros illustre qui s’est couvert de gloire.

Mis au courant de la situation, Napoléon décide de son retour. Il débarque le 1er mars 1815 au Golfe Juan près d’Antibes. Il se dirige vers Paris en passant par le Dauphiné. Les populations l’acclament au passage. Sa tête est mise à prix par les Bourbons et les Alliés. L’Europe est appelée aux armes contre l’aventurier.

Le maréchal Ney qui avait promis à Louis XVIII de  » lui ramener BONAPARTE dans une cage de fer  » proclame que la cause des Bourbons est à jamais perdue, et il conduit son armée vers Napoléon, qu’il rejoint à Auxerre le 18 mars. Le 19, Napoléon arrive à Fontainebleau. Au même moment la famille royale quitte Paris pour un nouvel exil.

Convoquant aussitôt une Assemblée Nationale, Napoléon modifie profondément la constitution de l’Empire dans un sens plus libéral. Rapidement, il met sur pied une armée de 200.000 hommes, pour tenir tête à la coalition colossale des Alliés, qui comptent bien mettre en ligne plus d’un million d’hommes pour abattre le  » tyran de l’Europe « . Le 14 juin en envahissant la Belgique les Français ouvrent la campagne. Ils ont en face d’eux les Anglais de WELLINGTON près de Bruxelles et les Prussiens de BLÜCHER entre Charleroi et Liège. Une grande bataille se livre le 16 juin à FLEURUS. Les prussiens battent en retraite en ayant perdu plus de 20.000 hommes. Le maréchal GROUCHY avec 36.000 hommes reçoit la mission de poursuivre BLÜCHER. Avec les 75.000 hommes qui lui restent l’Empereur se porte à la rencontre des anglais qui ont pris position à 22 kilomètres de Bruxelles, sur le plateau de Mont-Saint-Jean au sud de Waterloo. Mais WELLINGTON, avec son armée de 70.000 hommes, décide de tenir coûte que coûte sur la position qu’il occupe et d’attendre BLÜCHER qui dispose de 80.000 hommes après FLEURUS.

Au soir de 17 juin, Napoléon débouche sur le plateau de la Belle-Alliance, face à l’armée anglaise, qu’il peut apercevoir à travers les brumes du couchant. Il prend aussitôt ses dispositions de combat pour attaquer dès l’aube. Toute la nuit il pleut. Au matin du 18 juin 1815, le sol détrempé rend impossibles les manœuvres d’artillerie et de cavalerie ; il faut attendre 11 heures avant que le combat puisse s’engager.

Les français ouvrent un feu d’enfer contre l’aile gauche anglaise et Ney se lance fougueusement à l’attaque du centre. Ils se heurtent à une résistance farouche : les positions anglaises sont excellentes, leur défense échelonnée en profondeur est très efficace. WELLINGTON, qui se révèle un adversaire digne du génie de Napoléon, est décidé à vaincre ou à mourir ;

 » Soldats tenez ferme ! l’Angleterre parlera de cette bataille « .Luttant pied à pied, les Ecossais gris, les dragons-gardes, les highlanders avec leurs joueurs de cornemuse, sont décimés par les charges incessantes des bataillons français, mais ne cèdent pas le terrain. Trente mille prussiens arrivent avec BULOW en renfort, mais se font battre avant d’avoir pu joindre les anglais. Après deux heures de sanglante mêlée, la défaite de WELLINGTON paraît proche et Napoléon n’attend

plus que l’arrivée de GROUCHY pour achever une victoire chèrement disputée.

Entendant sur leur droite un feu nourri qui se rapproche, les français exultent, croyant que ce sont les 36.000 hommes de GROUCHY. Hélas ! L’illusion est de courte durée ; il s’agit de BLÜCHER, qui a échappé à la poursuite des français et qui accourt au secours de WELLINGTON.

Alors qu’une lutte inégale s’engage sur l’ensemble du front. Napoléon n’a plus de réserve d’infanterie. Il jette dans la bataille ses dernières ressources : 37 escadrons de cavalerie et sa propre garde. NEY, les habits troués de balles dirige la charge de cavalerie en vain. A 7 heures la cavalerie française est rejetée du plateau après avoir chargé onze fois.

La panique se répand parmi les français accablés, dont certains fuient le champ de bataille. Bientôt la vieille garde reste seule à combattre. Formée en carré, reculant lentement sous un déluge de fer et de feu, cette légion de braves retarde la victoire ennemie et permet à Napoléon de s’éloigner de la bataille.

C’est la fin : 4.000 grenadiers sont hachés sur place par la mitraille anglaise ou prussienne. Sommés de se rendre, les derniers survivants répondent à l’ennemi par une injure méprisante, proférée par le Général CAMBRONNE.

La bataille de WATERLOO aura duré 10 heures. Elle aura coûté 30.000 hommes tués, blessés ou pris aux français et 22.000 aux vainqueurs. Elle a opposé 72.000 français contre 156.000 ennemis. Les français ont vu deux fois la victoire leur échapper. Si les prussiens n’avaient pu se réunir le 18 à WELLINGTON les anglais auraient été écrasés à WATERLOO. La retraite fut un désastre comme celle de MOSCOU. On connaît la suite, Napoléon 1er abdique une seconde fois et est exilé à Sainte Hélène où il meurt le 5 mai 1821.

(Source: Jean-Claude BERNARD)